Bruyère

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Bruyère
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Bruyère » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après

Taxons concernés

Les bruyères regroupent plus de 800 espèces de plantes dicotylédones dans la famille des Éricacées.

On connaît deux genres appelés communément « bruyère » : Erica et le genre monospécifique Calluna, auxquels il convient d’ajouter les genres Daboecia et Bruckenthalia. Certains auteurs incluent le genre monospécifique Bruckenthalia dans le genre Erica, d’autres incluent Erica sicula dans un genre séparé Pentapera.

Les bruyères poussent surtout dans les sols siliceux. Ce sont tantôt des arbrisseaux ou des sous-arbrisseaux, tantôt de véritables arbustes. Disposées en grappes, les fleurs sont le plus souvent roses, parfois blanches (Erica arborea) ou verdâtres (Erica scoparia).

Le genre Calluna possède des feuilles opposées en forme de petites écailles sessiles imbriquées sur 4 rangs. Le calice pétaloïde, qui enferme la corolle, est entouré à sa base par un calicule.

Le genre Erica possède des feuilles en forme de petites aiguilles verticillées par 3 à 4. La corolle urcéolée à 4 dents et à étamines libres est entourée à sa base par un calice vert (coloré chez Erica herbacea). Erica sicula a une corolle généralement pentamère. Le genre Bruckenthalia a les étamines soudées à la corolle.

Le genre Daboecia possède des petites feuilles ovales lancéolées. Les fleurs urcéolées sont disposées en grappe terminale.

Les espèces européennes[modifier | modifier le code]

Genre Calluna[modifier | modifier le code]

  • Calluna vulgaris (L.) Hull (Syn. : Ericodes vulgaris (L.) Merino) — bruyère callune, bruyère commune : Europe, Afrique du Nord et Asie Mineure. Var. hirsuta Gray est à feuilles tomenteuses.

Genre Bruckenthalia[modifier | modifier le code]

  • Bruckenthalia spiculifolia (Salisb.) Rchb. (Syn. Erica spiculifolia Salisb.) — bruyère en épi : bruyère à petites fleurs rosées en ombelles terminales, atteignant 25 cm de hauteur ; Roumanie, Balkans et nord de la Turquie.

Genre Daboecia[modifier | modifier le code]

  • Daboecia azorica Tutin & E.F. Warb. (Syn. : Daboecia polifolia sensu Trel., non D. Don) : endémique des Açores ; à plus petites feuilles et à port plus prostré que Daboecia cantabrica, atteignant 20 cm de hauteur.
  • Daboecia cantabrica (Huds.) K. Koch (Syn. : Bryanthus polifolius Merino, Daboecia polifolia D. Don) — bruyère cantabrique, bruyère de St.-Dabeoc : grandes fleurs pourprées urcéolées en grappes terminales, atteignant 40 cm de hauteur ; Irlande, ouest (Maine-et-Loire et Grande Brière) et sud-ouest de la France (rare), et nord de la péninsule ibérique.

Genre Erica[modifier | modifier le code]

Erica arborea - bruyère arborescente.
Erica tetralix - bruyère des marais.
Erica terminalis - bruyère de Corse.
Erica ×darleyensis 'Silberschmelze'.
  • Erica arborea L. — bruyère arborescente : bruyère arbustive à petites fleurs blanches en grappes terminales, pouvant atteindre 6 m de hauteur ; bassin méditerranéen, Macaronésie et montagnes d’Arabie et de l’Afrique orientale.
  • Erica australis L. (Syn. : Erica aragonensis Willk., Erica occidentalis Merino) – bruyère australe : bruyère arbustive à fleurs pourprées cylindriques en corymbes terminaux, atteignant 2 m de hauteur ; centre et ouest de la péninsule ibérique, nord du Maroc.
  • Erica carnea L. (Syn. : Erica mediterranea L., Erica herbacea L.) – bruyère des neiges, bruyère des Alpes : bruyère à fleurs lilas en courtes grappes, souvent prostrée, atteignant jusqu’à 50 cm de hauteur ; Alpes et régions adjacentes, Apennins et nord des Balkans, en sol calcaire ou dolomitique.
  • Erica ciliaris L. — bruyère ciliée : bruyère à fleurs roses cylindriques à urcéolées en grappes allongées, atteignant 50 cm de hauteur ; ouest de la France, îles britanniques, péninsule ibérique et nord du Maroc.
  • Erica cinerea L. — bruyère cendrée : bruyère à fleurs pourprées en grappes feuillées allongées, atteignant 50 cm de hauteur ; Europe occidentale jusqu’en Norvège.
  • Erica erigena R. Ross (Syn. : Erica carnea subsp. occidentalis (Bentham) Laínz., Erica mediterranea auct., non L., Erica purpurascens auct., non L., Erica hibernica (Hook. & Arn.) Syme, non Utinet) — bruyère d’Irlande, bruyère de la Méditerranée : bruyère arbustive à petites fleurs lilas en longues grappes, atteignant 2,5 m de hauteur ; régions côtières de l’Irlande, du sud-ouest de la France (Gironde) et de la péninsule ibérique.
  • Erica lusitanica Rudolphi – bruyère du Portugal : bruyère arbustive à petites fleurs blanches – rosées à l’éclosion – en grappes terminales, atteignant 3 m de hauteur ; sud-ouest de la France (Landes) et ouest de la péninsule ibérique, naturalisée en Bretagne et dans le sud de l’Angleterre.
  • Erica mackaiana Bab. (Syn. : Erica mackaii Hook.) – bruyère de MacKay : endémique dans deux régions disjointes : ouest de l’Irlande et Galicie ; bruyère à fleurs roses en courtes grappes terminales, dépassant rarement 30 cm de hauteur en Irlande, mais pouvant atteindre 1 m en Galicie.
  • Erica manipuliflora Salisb. (Syn. : Erica verticillata Forssk., non P.J. Bergius) – bruyère verticillée : bruyère à fleurs roses campanulées en courtes grappes terminales, atteignant 1 m de hauteur ; Italie, Balkans et Asie Mineure.
  • Erica multiflora L. — bruyère à nombreuses fleurs : bruyère à fleurs roses longuement pédicellées en courtes grappes terminales, atteignant 1 m de hauteur ; région méditerranéenne occidentale et Afrique du Nord.
  • Erica scoparia L. — bruyère à balais : bruyère arbustive à petites fleurs verdâtres en longues grappes, atteignant 2 m de hauteur ; Europe atlantique, Italie, Macaronésie, Afrique du Nord ; naturalisée aux Pays-Bas.
    • Subsp. azorica (Hochst.) D.A. Webb (Syn. : Erica azorica Hochst.) : à fleurs brunâtres, endémique des Açores
    • Subsp. maderincola D.C. McClint. : endémique de Madère
    • Subsp. platycodon (Webb et Berth.) Hansen & Kunkel : endémique des Canaries, pouvant atteindre 10 m de hauteur
  • Erica sicula Guss. (Syn. : Pentapera sicula (Guss.) Klotzsch) – bruyère de Sicile : bruyère à petites fleurs généralement pentamères blanches ou rosées en ombelles, atteignant jusqu’à 50 cm de hauteur ; Sicile, Malte, Afrique du Nord (Libye) et Asie Mineure.
  • Erica terminalis Salisb. (Syn. : Erica stricta Donn ex Willd., Erica multicaulis Salisb.) — bruyère de Corse : bruyère arbustive à petites fleurs roses en ombelles terminales, atteignant 2 m de hauteur ; Corse, Sardaigne, sud de l’Italie et de l’Espagne, nord du Maroc ; naturalisée en Irlande du Nord.
  • Erica tetralix L. — bruyère des marais (ou « bruyère quaternée » dans les Hautes Fagnes) : bruyère à fleurs roses urcéolées en ombelles terminales, atteignant 40 cm de hauteur ; ouest de l’Europe, du centre de l’Espagne à la Finlande.
  • Erica umbellata L. – bruyère en ombelle : bruyère à fleurs roses en ombelles, souvent prostrée, atteignant 60 cm de hauteur ; ouest de la péninsule ibérique et nord du Maroc.
  • Erica vagans L. — bruyère vagabonde, bruyère des Cornouailles : bruyère à petites fleurs roses en longues grappes qui fleurissent à partir de leur base, atteignant 80 cm de hauteur ; Europe atlantique, du nord du Portugal aux Cornouailles, naturalisée en Irlande.

Là où les parents croissent ensemble on peut rencontrer des hybrides naturels, notamment :

  • Erica ×praegeri Ostenf. (Syn. Erica ×stuartii Linton), hybride entre Erica tetralix et Erica mackaiana.
  • Erica ×watsonii Benth., hybride entre Erica ciliaris et Erica tetralix.
  • Erica ×williamsii Druce, hybride entre Erica tetralix et Erica vagans.

Culture[modifier | modifier le code]

Plus de 100 cultivars de Calluna vulgaris ont été sélectionnés pour leur habitus (rampant ou dressé, nain ou arbustif), la couleur de leurs fleurs (blanche, rose, lilas ou rouge) et de leur feuillage (vert, grisâtre, doré ou bronze), et leur période de floraison (juin à décembre). Certains cultivars sont à fleurs doubles, d’autres sont cléistogames. La rusticité des cultivars est variable ; la plupart sont rustiques à très rustiques, quelques-uns sont gélifs.

La rusticité des espèces du genre Erica est très variable. Les plus rustiques sont Erica carnea et Erica tetralix. Erica cinerea, Erica terminalis et Erica vagans et les hybrides Erica ×praegeri, Erica ×watsonii et Erica ×williamsii sont un peu moins rustiques. Erica arborea, Erica ciliaris et Erica mackaiana craignent les fortes gelées. Erica erigena, Erica lusitanica, Erica manipuliflora, Erica multiflora, Erica scoparia, Erica sicula et Erica umbellata sont peu rustiques. Bruckenthalia spiculifolia est moyennement rustique. Daboecia cantabrica craint les fortes gelées.

De nombreux cultivars, surtout de Erica cinerea, Erica herbacea, Erica tetralix et Erica vagans, ont été sélectionnés pour leur habitus, la couleur de leurs fleurs et de leur feuillage, et leur période de floraison.

Les hybrides horticoles suivants sont répandus en culture :

  • Erica ×darleyensis Bean – bruyère de Darley, un hybride entre Erica carnea et Erica erigena obtenu par J. Smith & Sons, Darley Dale vers 1890. Plusieurs clones sont en culture, notamment ‘Darley Dale’ à fleurs roses, ‘Silberschmelze’ à fleurs blanches à longue floraison (novembre à mai) et ‘Kramer's Rote’ à fleurs rouges. Ces hybrides sont moyennement rustiques.
  • Erica ×veitchii Bean, un hybride entre Erica arborea et Erica lusitanica obtenu par R. Veitch & Sons, Exeter vers 1895, à abondante floraison de fleurs blanches en avril – mai. Cet hybride est gélif.

Quelques cultivars de Daboecia cantabrica ont été également sélectionnés pour la couleur de leurs fleurs (blanches, roses ou pourprées). Daboecia ×scotica est un hybride très florifère entre Daboecia cantabrica et Daboecia azorica.

La plupart des bruyères sont calcifuges et requièrent une terre humifère. Erica herbacea, Erica ×darleyensis et Erica terminalis supportent un peu de calcaire.

Les espèces africaines[modifier | modifier le code]

Erica mammosa

Il existe plus de 700 autres espèces africaines du genre Erica.

La majorité des espèces sont originaires de l’Afrique du Sud, où elles poussent avec les Protea et d'autres espèces arbustives dans le fynbos (le maquis sud-africain). La plupart des bruyères sud-africaines ont de grandes fleurs tubulées.

Ces espèces sont malheureusement peu ou non rustiques. Certaines comme Erica cerinthoides et Erica grandiflora à fleurs orange, Erica speciosa à fleurs rouges, Erica doliiformis et Erica mammosa à fleurs roses, ou Erica bauera à feurs blanches à rosées, peuvent être cultivées à l’extérieur dans le sud-ouest ou en région méditerranéenne.

Diverses sélections de l'hybride Erica ×hyemalis sont présentées en pot comme plantes de jardinière.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom scientifique Erica vient du grec ancien ἐρείκη / ereíkê, emprunté par le latin sous la forme erice ou erica, et conservé dans l'italien erica. Le mot français bruyère dérive du gaulois bruccos (bruyère), via le latin populaire brucaria (fougeraie, lande de bruyères). Des formes apparentées sont attestées dans des parlers de toute l'ancienne Gaule et en Italie du nord (Gaule cisalpine). Le mot est d'ailleurs au sens propre, comme l'italien brughièra, un dérivé signifiant terrain couvert de bruyère, lande; le mot simple désignant la plante (en gaulois brukos ou bruka) est attesté dans des parlers locaux, comme l'ancien provençal bruc ou le breton brug. Les formes du celtique insulaire (irlandais froech, gallois grug, cornique gruk) montrent que la forme primitive était wroikos ou wroika (avec l'initiale passée à b- en celtique continental). Il est très probable que l'ancien celtique wroika et le grec ἐρείκη ont la même origine[1].

Utilisation[modifier | modifier le code]

Le rhizome d'Erica arborea, ou bruyère arborescente, est essentiellement utilisé pour la confection de fourneau de pipe grâce à la grande résistance à la chaleur et au feu de son bois.

Les sommités fleuries, préparées en cataplasme, soulagent les engelures et les douleurs rhumatismales et autres troubles ostéo-articulaires.[réf. souhaitée]

La bruyère (grâce à l'éricodine) est un antiseptique de l'appareil urinaire et un diurétique ; elle guérit des cystites et infections de la vésicule, et traite calculs rénaux et biliaires. Dépurative et désintoxiquante, elle soulage arthrites et goutte.

La bruyère fait partie de la recette de la bière traditionnelle écossaise Heather Ale, dans laquelle elle joue un rôle d'aromatisation en lieu et place du houblon.

Symbolique[modifier | modifier le code]

Langage des fleurs[modifier | modifier le code]

Dans le langage des fleurs, la bruyère symbolise la solitude ou l'amour solide[2].

Calendrier républicain[modifier | modifier le code]

Le nom de la bruyère fut attribué au 22e jour du mois de frimaire dudit calendrier révolutionnaire français[3], généralement chaque 12 décembre du grégorien.

Dans la culture[modifier | modifier le code]

La bruyère est valorisée dans le tube musette français Bruyères corréziennes, interprété par l'accordéoniste Jean Ségurel.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Phyllodoce caerulea

Des espèces d’autres genres sont parfois aussi appelées « bruyère » - heather (en), lyng (no), notamment :

Sources[modifier | modifier le code]

  • Harry van de Laar, Het heidetuinboek, Zomer & Keuning Boeken B.V., Wageningen, 1977 – (ISBN 90 210 0385 6) (nl)
  • Gordon Cheers, Botanica, Könemann Verlaggesellschaft mbH, Köln, 1999 – (ISBN 3 8290 1953 X) (nl)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Yves Lambert et Michel Lejeune, La langue gauloise, Editions Errance, , p. 191.
  2. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Paris, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).
  3. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 21.